Ce n’est plus un gouvernement
C’est une fuite en avant.
Et puis, même si c’en était un, qui a envie d’être gouverné comme ça ? Qui a vraiment envie d’être gouverné tout court ?
De quoi « Macron » est-il le nom ?
Thatcher, Jupiter, manager, pédagogue de la pensée complexe, Rothschild, En Marche, Ensemble, Renaissance. Derrière ce jeu de masques, un grand vide qu’il serait illusoire de croire pouvoir encore remplir avec des discours, puis qu’il dira le contraire la semaine suivante.
« Votre vote m’oblige » mon cul ! Noblesse n’oblige même pas. Le « responsable » dit « j’assume, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. » Vieille blague venue des années 1990 : la dictature c’est « ferme ta gueule, la démocratie c’est « cause toujours ». Le continuum Juppé, Chirac, Sarkozy, Fillon, Hollade, Valls, Macron, Darmanin dit quant à lui :
« Si tu causes trop fort, on te la ferme ta gueule ! »
Alors pour essayer de comprendre, il est plus simple de partir des chiffres :
— les dépenses d’équipement de la police : 160 millions en 2014, 240 millions en 2015, 370 millions en 2016 (loi Travail), 315 millions en 2021. On attend les chiffres de 2022, mais une chose est sûre : la France a plus de flics que n’en avait l’Allemagne de l’Est.
— En 2022, 7,6 % de la population française vit sous le seuil de pauvreté, établi à 50 % du revenu médian, soit 940€ par mois. Pour les 10 % de la population les plus pauvres, le revenu déclaré était 673€ mensuels en moyenne.
— La somme mensuelle attribuée au « frais d’esthétique » du couple présidentiel, au maquillage (et à la moumoute) du président Macron comme à la coiffure de son épouse est de 5200€.
— La retraite moyenne d’un sénateur est de 3856€ nets, celle d’un député est de 2700€. Pour le reste de la population, la moyenne est à 1459€ net de cotisations : 1674€ pour les hommes, 1256€ pour les femmes. La plupart des sénateurs interrogés ne connaissent pas ces chiffres.
— À la rentrée de septembre 2023, l’enseignement public verra la suppression de 667 postes. Dans le seul département du Finistère, c’est 53 classes qui ferment.
— Entre 2003 et 2016, 64 000 lits ont été supprimés à l’hôpital public ; soit 13,6 % de la capacité d’accueil.
— En 2022, première année du deuxième quinquennat dont « les violences faites aux femmes » est la « grande cause », 104 femmes ont perdu la vie de la main de leur conjoint, un tiers d’entre elles âgées de 30 à 39 ans.
— En France, la fortune des 5 plus riches de France a doublé depuis mars 2020, début de la pandémie de Covid 19.
— Depuis l’avènement du capitalisme industriel, l’humanité a réchauffé 2500 giga-tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Sur la seule année 2019, elle en a rejeté 39 Gt et la tendance et à l’accroissement des émissions, malgré une baisse en 2020.
— Une baguette « de tradition », inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO, coûte désormais 1,30€ en moyenne, pour un prix de 3,59€ au kg.
Ces chiffres, nous les connaissons.
Plus que cela : nous les vivons, au quotidien. Voilà de quoi Macron est le nom, et tous les autres avec lui.
Parents : il fait tabasser vos enfants et les colle en garde à vue pour avoir bougé deux poubelles. Il leur fait passer 3h à genoux dans une cour. Les flics filment et se marrent.
Enfants : il fait crever vos vieux dans des hospices sordides, à manger de la merde, mal soignés par du personnel trop peu formé, trop peu payé, trop peu considéré.
Parents : il s’en fout que vos gosses accèdent à une éducation libre, riche, émancipatrice, tant qu’ils se tiennent calmes, en rang deux par deux, en attendant que le SNU leur apprenne le pas de l’oie.
Enfants : à 62 ans, 25 % (un sur quatre !) des hommes les plus pauvres sont déjà morts. À 65, c’est un tiers d’entre eux. Ils crèveront vos parents à la tâche : au moins, vous n’aurez pas à payer l’EHPAD…
Alors quoi ? « Que faire ? » comme a écrit un russe, une fois, il y a longtemps.
Alors qu’est-ce qu’on fait ? Autrement dit : qu’est-ce qu’on a à perdre ?
Parce que ces chiffres ne montrent pas tout. Il y a tout le reste.
De quoi Macron est-il le nom ? Des canicules, des sécheresses, des gosses qui passent le bac manu-militari par 45°C alors qu’ils devaient garder leur doudounes en classe en Janvier faute de chauffage, des algues vertes sur les plages, des incendies dans les Landes, dans les Monts d’Arrée puisqu’il a détruit l’ONF comme tout le reste, des chasseurs qui nous tirent dessus en toute impunité, parce qu’on a le malheur de se promener le dimanche, de la destruction des lois de protection du littoral, des logements secondaires vides partout sur la côte alors que des gens qui vivent ici n’arrivent pas à se loger, des trains qui passent plus, des hôpitaux qui ferment, et j’en passe.
De quoi Macron est-il le nom ? Du capitalisme, du patriarcat, deux faces d’une même pièce, de « ceux qui ne sont rien » et des « ça va bien se passer, madame ». Faut croire qu’il n’est qu’à Paris. Il est partout, partout autour de nous, et même un peu en nous parce qu’on l’a laissé y entrer, parce qu’on y a un peu cru à son sourire de vendeur de téléachat.
Au collège, on apprend aux gosses ce qu’est une allégorie : la représentation concrète d’une idée abstraite. Alors voilà : Macron en est une d’allégorie, celle du capitalisme, libéralisme managérial, inhumain, financiarisé, personnifié. On le verrait dans un film on dirait qu’on n’y croit pas, que c’est caricatural, une telle saloperie.
Mais faut savoir que le pouvoir de ces gens ne tient qu’à ce qu’on les laisse faire. Leur pouvoir, c’est de nous faire peur, de nous faire sentir impuissants, qu’on se dise qu’on n’y peut rien, qu’il n’y a pas d’alternative, et ainsi va la marche du monde.
C’est faux. Dès qu’on bouge à peine un peu, ils flippent. Toute la clique a les miquettes et les dents qui claquent, et la goutte de sueur froide entre les fesses. Pourquoi ? Parce qu’ils savent qu’on est plus nombreux, et qu’il y aura jamais assez de flics.
Parce qu’ils savent que c’est nous qui faisons le boulot. Les raffineries sont bloquées ? Tant mieux. Les profs refusent de faire passer le bac ? Tant mieux. Les autoroutes sont bloquées, et les péages grand ouverts ? Tant mieux. Les électriciens d’EDF coupent le jus aux députés ? Tant mieux. Où sont-ils d’ailleurs, ceux-là ? Ils ont peur, ils se cachent. Comprenez, il y a eu des tags sur leurs permanences. Les miquettes ! Heureusement qu’il y a des flics pour faire les plantons devant.
Et l’autre, pseudo-Jupiter, où est-il ? Il se cache aussi. Tant mieux.
Qu’il flippe ! Qu’il sente ce que c’est réellement que le pouvoir de la foule, de la masse, la puissance de la multitude. Cette multitude, c’est nous. Le pouvoir, c’est nous. Qu’il flippe, et qu’il prépare son hélicoptère dans l’arrière cour pour filer à l’anglaise. Bon débarras !
Que faire ? Mais continuer ce qu’on fait déjà : on est là, on lâche rien, ni pour la retraite, ni pour le chômage, ni pour la sécu, l’école, l’hôpital, ni pour les gens qui crèvent, noyés, dans la Manche et dans la Méditerranée, et ceux qui crèvent sous les ponts aussi.
On lâche rien, rien du tout, parce qu’on se souvient qu’il a suffi d’un seul chariot élévateur pour ouvrir tout grand un ministère, le 5 janvier 2019. Un seul. Des ministères, y en a pas dix mille. Des chariots élévateurs, si, et on est nombreux, nombreuses, à savoir les conduire.