Comme en 2019, pour commencer et souhaiter la bonne année, un court article sous forme de liste avec dix anti-conseils, plus des pistes de réflexion et de travail que de véritables axiomes. Ces dix propositions, presque des objectifs, sont à considérer comme un état des lieux de ma pratique et non comme des vérités inaltérables.
2019 a été particulièrement chargée. Sauf imprévu grave, je publierai un roman en 2020, et j’essaierai peut-être même d’en écrire un autre pendant ce temps.
Bonne année à toutes et tous, et à tous les autres !
1. Écrire moins pour écrire mieux.
Résister à la tentation productiviste. Cesser de penser en quotas journaliers, hebdomadaires (bref, périodiques…). Arrêter de se poser la question : « Combien de signes ? »
2. Continuer d’expérimenter
Une fois son sort réglé à la question quantitative, une fois libéré de la pression du chiffre ; varier les thèmes, les tonalités, les ampleurs de projet. Les objectifs. N’écrire jamais deux textes qui se ressemblent.
3. Écrire par « idée-force »
Un texte, une idée, un axe principal.
Remettre en cause le diktat du personnage et de l’intrigue. Figures, actions, événements et conttexte s’articulent autour d’une idée-force qui irrigue tout. Chercher et exprimer ce qui brûle au fond.
Dixit Victor Hugo : « La forme, c’est du fond qui remonte à la surface. »
4. Ne rien se refuser ; être audacieux
Hugo encore : s’accorder des digressions, des épisodes « inutiles » mais essentiels. Par exemple : Waterloo, ou les égouts, dans Les Misérables. Sans eux, le roman tient moins bien. Dans le jargon de nos jours, ils n’ont pourtant aucune « utilité narrative ».
5. Contre la narration
Arrêter le récit sans arrêter le texte. Ce n’est pas seulement « décrire davantage ». La description fait partie de la narration.
L’esthétique de la « narration efficace », la nécessité « d’emporter le lecteur » (comme si l’écrivain tenait une agence de voyage) : laisser cela derrière. Assumer le solipsisme de l’écriture. Donc…
6. Déchirer les manuels.
Encore et toujours. Se méfier des principes. Ne se fier à aucun conseil, même pas les miens. Chercher non pas un modèle à suivre, mais une communauté d’affection chez les autres écrivains.
7. Oublier l’image
La photographie, le cinéma, la télévision prennent trop de place, trop d’influence sur l’écriture. Casus belli : les grands manuels utilitaires type STORY. Écrire par les cinq sens. Plus cela va, plus mon écriture adopte des structures abstraites, plus musicales que narratives. Encore une fois : le thème. D’autre temporalités. Voir 5.
8. Varier les points de vue
Je reviens toujours aux locuteurs multiples de Rêves de Gloire de Wagner. Se forcer à se projeter dans des consciences plus radicalement différentes que la mienne. Accès aux sens différents.
9. Lire
Toujours ; de plus en plus.
10. Écrire à la main
Tenter de retrouver un rapport à l’écriture manuscrite. Plus intime. Moins sujet à la tentation productiviste. Écrire un roman entier à la main ?
Corolaire : continuer de travailler à l’amélioration de mon écriture cursive. Gros progrès de lisibilité, déjà.